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Monument à la 5ème division de cavalerie

Hartennes-et-Taux

Ce monument rend hommage à la 5ème Division de Cavalerie qui mena un raid derrière les lignes allemandes entre les 8 et 10 septembre 1914

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Monument à la 5ème division de cavalerie - Hartennes-et-Taux

Ce monument situé au bord de la D83, qui relie Hartennes à St Rémy-Blanzy, rend hommage à la 5ème Division de Cavalerie, composée de Dragons et de Chasseurs, qui mena un raid derrière les lignes allemandes entre les 8 et 10 septembre 1914, détruisant des convois, attaquant camps d'aviation et bivouacs, capturant de nombreux prisonniers dont des officiers d'état-major

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Situé à côté de la nécropole allemande de Parcy-Tigny (!), au bord de la D83 qui relie Hartennes à St Rémy-Blanzy (après être passé sous la D 1), ce monument est à la gloire de la 5è Division de Cavalerie. On peut lire, sur les différentes plaques fixées à sa base, dont l'une représente un bas-relief de Dragons à cheval : "A la gloire des combattants des 16ème et 22ème Régiment de Dragons (3ème brigade), 9ème et 29ème Régiment de Dragons (7ème Brigade), 5ème et 15ème Régiment de Chasseurs à Cheval (5ème Brigade légère), 5ème groupe de Chasseurs Cyclistes (issu du 29ème BCP), 9ème section du Génie Cycliste, Groupe d’Artillerie de 3 batteries de 75mm à cheval (61ème RA) de la 5ème Division de Cavalerie qui ont lutté pour la victoire de la France" ainsi que "La 5ème Division de Cavalerie au cours de la bataille de la Marne, dans un raid audacieux des 8, 9 et 10 septembre 1914, commandée par le général de Cornulier-Lucinière, intervint jusqu’ici dans les arrières des lignes allemandes coupant les communications de la 1ère Armée Von Kluck avec Soissons, attaquant les troupes et détruisant les convois ennemis qui marchaient à la bataille de l’Ourcq" mais aussi "Ce monument a été élevé grâce aux dons des généraux, officiers, gradés et cavaliers, anciens de la 5ème DC, et des parents de ceux qui sont morts pour la France. L'inauguration a eu lieu le 6 mai 1928 sous la présidence du général de Cornulier-Lucinière, devant les étendards de guerre de la 5ème DC. Le général Lavigne-Delville". Enfin, gravé sur une des faces de ce monument : "1914 : Belgique - Marne - Course à la mer - Ypres - Yser / 1915 - 16 - 17 : Les tranchées - Artois - Champagne / 1918 : Roye - Montdidier - Aisne - Dormans - Marne - Oeuilly - Montvoisin"

L'odyssée de la 5ème Division de Cavalerie débuta le 8 septembre 1914, vers midi, à Lévignen, au nord-est du bois du Roi, lui-même situé entre Nanteuil-le-Haudoin et Crépy-en-Valois. A ce moment-là, la ligne de front de l'armée allemande se trouvait un peu plus à l'ouest, quasiment parallèle à la route menant de Crépy-en-Valois à Betz, ce qui fit que les éléments de cette division de cavalerie se retrouvèrent pendant trois jours à l'arrière des lignes ennemies. Au cours de ce périple, certains détachements se retrouvèrent vers le nord-est, dans les environs de Fouilleuse, à l'est d'Estrée-Saint-Denis, après être passés par la forêt de Compiègne, d'autres encore sillonèrent la forêt de Villers-Cotterêts montant au nord jusqu'à Hautefontaine quand d'autres, enfin, parvinrent jusqu'aux environs d'Hartennes, le point le plus à l'est par rapport à leur point de départ et près de l'endroit où fut érigé ce monument, restauré pour le Centenaire de la Grande Guerre.

Le gros de cette division parcourut la forêt de Compiègne et de Villers-Cotterêts, combattit à Troësnes, au sud-est de la forêt de Villers-Cotterêts, le 8 septembre, à Orrouy, au sud de la forêt de Compiègne, le 10 septembre et à Arsy, à l'est de Compiègne, le 11 septembre, à l'arrière des lignes ennemies et sans rien savoir de la bataille de la Marne, et de son issue, qui se jouait alors. Au cours des journées du 9 et 10 septembre 1914, des détachements d'escadrons de Dragons et de Chasseurs connurent différentes péripéties au contact de l'ennemi, ce qui fit des raids menés par ces hommes une véritable odyssée qui sema le doute parmi les Allemands comme en attestèrent différents témoignages d'officiers après-guerre. Attaque de convois empêchant les ravitaillements, capture de prisonniers, troupes contraintes de battre en retraite, communications interrompues, créèrent la pagaille chez les Allemands qui jamais ne comprirent que les différentes unités de cavalerie qui s'étaient illustrées à différents endroits, tout en réussissant quelques exploits, étaient la seule 5ème Division de Cavalerie.

Le haut commandement allemand de la 1ère Armée à portée de canons
Carte reprenant les principaux lieux où s'illustrèrent les détachements de la 5ème DC

Le haut commandement allemand de la 1ère Armée à portée de canons

Le 8 septembre en fin d'après-midi, la 5ème Division de Cavalerie, qui comptait à ce moment là environ 1600 cavaliers et dix canons de 75, parvint à hauteur de Silly-la-Poterie où, à la sortie du village, l'avant-garde découvrit, sur un plateau à proximité de Troësnes, un parc d'aviation avec un important rassemblement de troupes allemandes. Alors que le chef d'escadron commandant l'artillerie souhaitait mettre en batterie ses pièces, l'objectif n'étant qu'à trois kilomètres, le général de Cornulier-Lucinière, commandant la division, opta pour une attaque de cavalerie alors que ses troupes, en plus de la distance à franchir, avait un plateau à gravir (un seul canon parvint d'ailleurs à être hissé et à ouvrir le feu), pour un résultat mitigé. Certes, l'effet de surprise provoqua la panique chez les Allemands, qui ne pensaient pas que des troupes ennemies pouvaient être aussi proches et crurent même que l'infanterie ne devait pas être loin, mais les dégâts ne furent pas aussi importants que ceux qui auraient pu être causés par un bombardement alors qu'il fallut ensuite se retirer à cause de la nuit qui tombait.

Surtout, après guerre, les confessions du général von Kluck, commandant alors la 1ère Armée qui occupait ce secteur, expliqua que tout le haut commandement allemand venait d'arriver exactement à l'endroit où chargèrent les cavaliers français. Que serait-il advenu si les dix canons de la division avaient bombardé l'endroit depuis les hauteurs de Silly-la-Poterie ?

Le détachement du commandant Joullié

Parmi les détachements envoyés en reconnaissance dans la matinée du 9 septembre, deux connurent des aventures épiques, à commencer par l'escadron du lieutenant de Gironde, du 16ème Dragons, qui attaqua un parc d'aviation mais également les deux escadrons du commandant Joullié à la tête de 243 cavaliers du 22ème Dragons.

Ces derniers, après avoir attaqué et mitraillé des automobiles sur la route de Neuilly-Saint-Front à Soissons, à hauteur de la ferme de Courtemain, puis sur celle reliant Oulchy-le-Château à Soissons, firent route vers l'est, en traversant la forêt de Villers-Cotterêts qui leur offrait un abri pour éviter d'être découverts, pour faire une pause à la nuit tombée à Eméville, à la lisière de la forêt. Sans le savoir, cachés par un repli de terrain, les cavaliers français passèrent la nuit à quelques centaines de mètres du bivouac de quelques bataillons allemands d'infanterie qui au lever du jour les découvrirent les premiers.

Attaqués de toute part, menacés d'encerclement, les Dragons réussirent à s'enfuir en passant par Bonneuil-en-Valois, non sans perte et après avoir abandonné leurs mitrailleuses ,et finirent par se retrouver dans la forêt où ils se cachèrent toute la journée. A la nuit tombée, ils reprirent la route vers l'est, en passant de la forêt de Villers-Cotterêts à celle de Compiègne, à hauteur de la route de Morienval où ils tombèrent dans un traquenard. Une fusillade intense fit de nombreux tués et blessés, dont le commandant Joullié qui fut fait prisonnier, parmi les cavaliers dont les survivants, par petits groupes, réussirent à rejoindre les troupes françaises qui remontaient vers le nord-est après la victoire de la Marne. Quand un décompte put être fait, le détachement du commandant Joullié ne comptait alors plus que 113 cavaliers.

D'autres détachements de la 5ème Division de Cavalerie connurent des péripéties qu'il convient de rapporter. Comme ce jeune dragon, dont l'Histoire a oublié le nom, qui réussit seul à capturer des officiers d'Etat-Major prussiens en train de se restaurer dans une ferme des environs de Chouy qu'il tint en respect en leur faisant croire que son régiment le suivait. Mais aussi l'attaque réalisée par l'escadron du capitaine Wallace, du 22ème Dragons, qui détruisit dans la forêt, sur la route de Soissons à Villers-Cotterêts, un convoi de munitions composé de huit camions dont les carcasses restèrent longtemps au bord de la route et dont une photo fut publiée dans l'Illustration n°3735 en date du 3 octobre 1914 (photo 5).

Alain Pouteau - Publié

A lire : Une incroyable odyssée - 5ème Division de Cavalerie - Histoire du raid d'une division de cavalerie pendant la Grande Guerre par le comte Arnauld Doria chez Plon-Nourrit 1918

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