L'artillerie pendant la Grande Guerre en Picardie
Pour le fantassin, l'artilleur était un planqué, pourtant nombreux sont ceux qui ont trouvé la mort sur le sol picard et dont certains monuments rappellent l'engagement et le sacrifice

L'artillerie, pour les Français, pendant la Grande Guerre, c'est avant tout le canon de 75, un véritable emblème qui fut déterminant lors des premiers combats de 1914 mais qui sut s'adapter tout au long du conflit, comme son utilisation en DCA, et l'artillerie de 14-18 ne fut pas seulement artillerie de campagne, elle devint artillerie de tranchées (crapouillot, Minenwerfer, mortier Stockes), artillerie lourde (avec des pièces de marine montées sur voies ferrées ou sur plateformes bétonnées) et même artillerie d'assaut (tanks pour les Britanniques et chars pour les Français).
L'artillerie, pendant la Grande Guerre, en Picardie et partout ailleurs sur le front, c'est l'arme qui tua massivement et causa le plus de destructions, boulversant le conflit en guerre industrielle, métamorphosant à jamais les paysages tout au long de la ligne de front, transformant le soldat en chair à canon.
Les Pariser Kanonen dans l'Aisne
Les Pariser Kanonen (Canons de Paris) sont des canons allemands à très longue portée, dont les positions se trouvaient dans l'Aisne, qui tirèrent 367 obus sur Paris et ses proches environs entre le 23 mars et le 9 août 1918, faisant 876 victimes (256 morts et 620 blessés).
Deux de ces canons étaient basés au pied du mont de Joie, près de Crépy-en-Laonnois, au lieu-dit du bois de l'Épine, où les aménagements en béton (embase ainsi qu'abris et salle de tir souterrains) furent mis en place dès la fin de 1917. Ce canon, dont le tube faisait environ 35 mètres pour 175 tonnes, et qui devait être changé tous les 65 tirs à cause de son usure, avait une portée de 128 kilomètres. Après l'offensive allemande sur le Chemin des Dames, le 27 mai 1918, qui les mena jusqu'à Château-Thierry, les Allemands déplacèrent une pièce de Crépy-en-Laonnois vers Bruyères-sur-Fère puis à Beaumont-en-Beine.
C'est le 29 mars 1918 qu'un obus tiré par un de ces canons fit le plus de victimes et répandit la terreur parmi les Parisiens en s'abattant sur l'église Saint-Gervais, pendant l’office du Vendredi Saint, provoquant la mort de 91 personnes et faisant également 68 blessés. Romain Roland, dans son roman Pierre et Luce, publié en 1920, choisissait symboliquement de faire mourir ses deux héros pacifistes dans le bombardement de cette église.
Pour en savoir plus sur les Pariser Kanonen, La Grosse Bertha des Parisiens - Historique d’une arme de légende d'Alain Huyon
Crédits photographiques © Collection Verney
Les lieux à visiter pour l'artillerie pendant la Grande Guerre en Picardie
Commune | Type | Nom |
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Bouconville-Vauclair (02) | Vestige de destruction | Vestiges de l'abbaye |
Coeuvres-et-Valsery (02) | Monument individuel | Tombe de Léon Garnier |
Coucy-le-Chateau (02) | Vestige de construction | Plateforme de canon allemand |
Fleury (02) | Monument collectif | Monument au 46ème et 246ème R.A.C. |
Longpont (02) | Monument individuel | Tombe de Gratien Vanhout |
Vic-sur-Aisne (02) | Monument collectif | Monument au 47ème régiment d'artillerie |
La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert (02) | Monument individuel | Stèle à la mémoire de Guillaume Apollinaire |
Cuise-la-Motte (60) | Monument collectif | Monument au 102ème R.I. et au 26ème R.A. |
Mélicocq (60) | Cimetière communal | Cimetière communal |
Néry (60) | Cimetière communal | Cimetière communal |
Néry (60) | Monument individuel | Monument aux officiers anglais Cawley, Bradbury et Campbell |
Néry (60) | Monument collectif | Monument à la 'L' Nery Battery |
Combles (80) | Monument individuel | Monument au capitaine Ehrhardt et au sous-lieutenant Duroux |